vers 815. Agobard réfute les pouvoirs des tempestaires


Il faut en faire notre deuil, le livre original d'Agobard a disparu. Le seul écho que nous en avons par une personne qui l'avait lu, est sa réminiscence par le diacre Florus, qui malheureusement, le citait de mémoire.
Heureusement, nous en possédons une copie Lyonnaise, de la fin du IXe siècle, ou du début du Xe, qui d'ailleurs a bien failli disparaitre elle aussi. Nous en connaissons donc le contenu.

D'entrée de jeu, il faut nous méfier du titre. La copie porte:
ITEM LIBER CONTRA INSULSAM VULGI OPINIONEM DE GRANDINE ET TONITRUIS
Mais le copiste a mis bout à bout toutes les oeuvres d'Agobard, lettres et traités, sans même laisser vide la fin d'une page, pour ne pas gaspiller le parchemin. Les lettres commencent par "Epistola ad...", pour préciser qu'il s'agit d'une lettre, alors que la lettre orioginale devait simplement porter "ad...". De même, ici, le copiste précise dans le titre qu'il s'agit d'un livre, 'LIBER...", et comme il le copie à la suite d'un autre livre, il ajoute en tête "ITEM LIBER..." (De même livre...), en sorte que le titre original était simplement:
CONTRA INSULSAM VULGI OPINIONEM DE GRANDINE ET TONITRUIS
(CONTRE LA SOTTE CROYANCE DE LA FOULE À PROPOS DE LA GRÈLE ET DES TONNERRES)

Il est regrettable qu'on ait souvent abrégé le titre en De grandine et tonitruis, et traduit en "De la grêle et du tonnerre" ce qui laisse entendre que l'ouvrage d'Agobard est un traité de météorologie. Même la table analytique des Patrologiae latinae de J-P Migne classe ce livre dans la section Météorologie. Or, il n'en est rien. Agobard ne nous parle guère du processus de formation de la grêle, et encore moins de la cause physique du tonnerre. Il réfute la sotte croyance aux pouvoirs des sorciers capable de faire tomber la grêle, et il ne se gène pas pour décrire la bétise, la stupidité, la connerie, dirions nous aujourd'hui, de ceux qui croient à de telles fadaises.

Installé archevèque par son prédécesseur Leidrade, en 814, Agobard, arrivé à Lyon en 804, avait eu le temps de connaitre les croyances des Lyonnais. Il a pu s'indigner, sans pouvoir rien y faire, du massacre de prétendus empoisonneurs de boeufs, survenu après la grande épizootie bovine de l'an 810. Ce qui fit déborder le vase, et le poussa à ecrire un livre contre la stupidité de ses ouailles, fut que peu d'années après l'épizootie de 810, on amena devant lui quatre malheureux enchainés qu'on accusait d'être descendus de vaisseaux aériens. Cette fois, il put les sauver, et il est probable que c'est peu de temps après qu'il rédigea son traité. Dans ce traité, il évoque l'épizootie de 810, peu d'années avant, mais pas la grêle prodigieuse de 823. D'autre part il fallait qu'il fut déja évêque pour qu'il ait présidé une assemblée ayant pouvoir judiciaire, et qu'on veuille lui faire cautionner une lapidation. On peut donc dater cet ouvrage entre 814 et 816.
Ce traité n'était pas un sermon destiné aux peuple, et à lire en chaire, comme on l'a écrit, mais une réfutation en règle, sur la base de l'écriture sainte, du pouvoir des sorciers de faire tomber la grêle et de déclencher l'orage. Pour Agobard, ni les sorciers, ni les prêtres n'ont le pouvoir de déclencher l'orage et faire tomber la grêle, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu seul.
Ce traité était donc destiné à éclairer les évêques et ecclésiastiques de son temps, ainsi que les princes, qui croyaient à ce pouvoir des tempestaires, qu'ils condamnaient énergiquement. Il fut malheureusement ignoré, puisque la copie que nous en possédons est la seule qu'on connaisse, et qu'on continua à condamner les tempestaires, et surtout à conjurer les orages et la grêle, par la prière et l'eau bénite. Agobard fut donc un précurseur méconnu.

Pour le contenu lui même, on dispose, outre du manuscrit lyonnais, de l'édition de Papire Masson, de celle d'Etienne Baluze (qui fut reprise dans plusieurs collections d'auteurs patristiques), et de sa traduction par Antoine Péricaud. La comparaison avec des versions modernes est édifiante. Bien peu d'auteurs ont lu le vrai texte d'Agobard. Encore moins l'ont ils compris, et certains, comme Guy Breton, ont même réussi, dans un vrai roman, à lui faire dire exactement le contraire de ce qu'il avait écrit.

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